En Chine, dernier grand pays de mon tour du monde, en mai et début juin 2008, des Chinois m'ont dit des choses parfois étonnantes mais tout-à-fait dans leur mentalité.
"Il m'a dit qu'il était français... mais il était noir !" Eh oui, les Chinois sont tous jaunes, et les rares personnes blanches ou noires rencontrées là-bas sont des étrangers. Alors pourquoi les Français ne seraient-ils pas tous blancs ? Une Chinoise me parlait de ce qu'un de nos compariotes lui avait dit, je ne sais plus à quel sujet. Mais sa couleur de peau lui avait fait douter de sa nationalité réelle. Dans les écoles chinoises, on apprend peut-être qu'un Français, c'est un blanc.
"Ici, on connaît Alizée. On l'aime bien, enfin surtout les garçons !" Quand j'ai demandé, dans un train parti de Canton, quelles vedettes françaises elle connaissait, une éudiante chinoise m'a répondu : "Alizée. Elle est très connue en Chine". Je crois que d'autres noms, plus classiques, lui parlaient aussi (j'imagine Delon, peut-être Vanessa Paradis, etc.) mais là, quand même, ça m'avait fait bizarre. En même temps, Alizée représente le cliché de la Française et une certaine candeur à la chinoise.
"Normalement, les athlètes, ils sont minces !" Elle, je l'aurais baffée ! Je marchais dans la rue avec une Chinoise, qui se trouvait dans la même auberge que moi à Chengdu. Elle m'a demandé de ralentir. "Oui, c'est vrai, je marche toujours vite", lui ai-je concédé. " Mais c'est parce que je m'entraîne pour les Jeux olympiques !", qui allaient avoir lieu trois mois plus tard à Pékin. Après quelques secondes de silence, elle m'a demandé, surprise : "C'est vrai ?!?" J'ai souri en lui disant que non. "Ah ! Encore, je trouvais ça bizarre !" Et, montrant du doigt ma silhouette à peine parfaite, elle a ajouté : "Normalement, les athlètes, ils sont minces !"
"C'est vrai ?!?" J'ai raconté cette histoire à un jeune Chinois, sur la muraille de Chine, pour lui dire que ses compatriotes n'ont pas le même sens de l'humour que nous, qu'ils ne connaissent pas le second degré. Quand je lui ai dit que j'avais répondu à la fille : "C'est parce que je m'entraîne pour les Jeux olympiques", cet étudiant en cinéma, fan de Luc Besson, anglophone dns un pays où peu de gens le sont, m'a interrompu pour me demander, les yeux écarquillés : "C'est vrai ?!?" Désespérant...
"Pourquoi tu dors dans des endroits pas chers ? C'est moins bien !" Dans un avion entre Guilin et Chongqing, je discutais avec une jeune Chinoise. Son oncle l'a accueillie, elle et sa maman, à l'aéroport. L'oncle, Mercedes et gants blancs (j'ai cru que c'était un chauffeur qui était envoyé) m'a conduit vers un hôtel pas cher à côté du leur, luxueux. J'ai été refusé, l'hôtel pas cher n'étant pas habilité à recevoir des étrangers ! Je les ai donc suivis dans l'autre. La jeune fille de famille riche m'a demandé où je dormais habituellement, durant mon tour du monde. Ma réponse (en dortoir en auberge de jeunesse, parce que je voyage neuf mois et qu'il me faut économiser) l'a laissée perplexe. Quelques minutes plus tard, elle a fini par me demander, incrédule, pourquoi je dormais dans ces endroits. Elle ne pouvait concevoir qu'un Français (donc un riche ?) fasse cela. Visiblement, dans son milieu, c'est inconcevable ! Lorsqu'elle m'a demandé mon métier, je lui ai retourné la question. Elle m'a répondu "ingénieure". C'est la profession que j'avais inscrite lors de ma demande de visa, pour ne pas dire que je suis journaliste et être suivi partout. Du coup, pour ne pas être démasqué, j'ai répondu que je travaille dans le tourisme. Vis-vis de cette famille qui incarnait la réussite chinoise, mieux valait être prudent pour ne pas être dénoncé.
"Elle a payé pour toi". J'avais déposé mes affaires dans une chambre, chez l'habitant, à un kilomètre de la grande muraille. J'ai finalement passé la nuit dans une tour de la muraille. Le lendemain matin, de retour dans la famille, accompagné cette fois de l'étudiant chinois anglophone dont j'ai parlé un peu plus haut, et d'un copain à lui, je me suis aperçu que j'ai été attendu jusqu'à minuit. Un homme est resté à la porte, en vain. Je me suis excusé. "Non, aucun problème !" Une fois dans le bus me ramenant vers Pékin, je me suis installé au fond. La dame qui faisait le tour des passagers pour faire payer les tickets m'a dit que pour moi, c'était déjà fait. L'étudiant, resté devant, m'a fait signe que tout est OK. En descendant du bus, j'ai voulu le rembourser. "Non, c'est la dame chez qui tu devais dormir. Elle a pris le même bus que nous et elle a payé pour toi : elle était très gênée que tu aies payé la chambre sans y dormir !" Elle avait disparu dans la foule. Impossible de la revoir. J'étais ému de voir que cette femme, pas riche assurément, ait eu un tel comportement à mon égard...
"Oh ! Sais-tu qui c'est ?" Me promenant dans les rues de Pékin avec un t-shirt à l'effigie de Mao et une casquette kaki à étoile rouge, pour me faire photographier devant la cité interdite et le portrait du Grand Timonier, j'ai vu deux ou trois réactions particulières... Des militaires, d'abord, m'ont demandé, Place Tien an Men, où j'avais acheté ma casquette et s'ils pouvaient me la racheter ! Une jeune femme, plus loin, a souri me voyant ainsi affûblé et m'a montré à sa petite fille, comme une curiosité. "Mais vous savez qui c'est ?", m'a-t-elle interrogé. "Oui, bien sûr... Bon, je pense qu'il n'y a qu'un Français pour faire une blague aussi stupide !" Et là, elle a posé une main devant sa bouche pour réprimer un rire teinté de grande stupeur. Je crois qu'elle a trouvé très osé (choquant ?) qu'un homme raille son propre pays...
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